Un "Drones" télécommandé par Muse.

Raff de HGuitare     Mis à jour : 25/11/21     14

Un "Drones" télécommandé par Muse.

Depuis maintenant 20 ans, le trio du Devon grimpe, grandi, gagne en maturité. Les débuts avec un Matthew Bellamy chétif aux cheveux rouge piquant le ciel, un Dominique Howard au jeu rachitique et un Christopher Wolstenholme se dissimulant sous sa touffe est bien loin. Aujourd’hui, Muse pose son influence sur la musique actuelle et, qu’on apprécie ou pas le groupe, ils sont tout simplement devenus incontournables.


Qu’elle est loin la période de Origin of Symetry, des B-Sides acharnée à la Dead Star, Ashamed, Futurism, ou encore, dans un autre registre, Nishe… Il semblerait en effet que depuis deux albums (Resistance et The Second Law), le but est de rechercher d’avantage de corde à leur arc et ainsi automatiquement attirer un public plus large. C’est vrai que maintenant, il s’agit avant tout de remplir des stades, non ?
Ou alors, pris d’un aspect différent, on pourrait simplement dire que Muse a définitivement trouvé son cocktail musical. Un petite dose de riff assez gras-mais-pas-trop, prenant de l’envergure avec le doublement de la basse de Chris. Une double dose de maturité et un soupçon de nuances apportées pour éclaircir (popifier) les arrangements. Ils n’ont plus 20 ans, après tout, non (bis) ?


N’oublions tout de même pas qu’à l’origine, Muse est un groupe Prog.
Alors, autant l’effort de Matt et consorts était quelque peu, pour ne pas dire complètement, manqué sur The 2nd Law, autant après plusieurs écoutes, il semble comme objectivement avéré que Drones est un album d’une cohérence évidente. Ce, pour plus d’une raison.


L’album, comme une histoire moderne.

Certains voient la création d’un album comme une sorte de « best of » de ce qui peut ressortir en studio. Très souvent influencé par laps de temps du recording, ce « type » de compositions peut rapidement être maladroit, car sans fil conducteur.
Avec Drones, Muse ne nous propose pas simplement des chansons, des compositions musicales, mais également une histoire, comme un roman chanté. Le thème y est dur et résolument sombre. Il suffit de regarder l’artwork de l’album pour s’imaginer que les faits abordés ne seront pas les soirées d’été sur la plage, autour d’un feu, avec des amis, à griller des cervelas.


Le récit est celui d’un homme lobotomisé en « human drone » par des forces supérieures. Une machine à tuer, sans remords ni questionnement. (Psycho)
Par la suite,  il demande de l’aide, de pouvoir sortir de ce carcan qui l’entoure et le dirige sans savoir comment y parvenir. On sent toute cette détresse dans Mercy, puis son dégoût et début de révolte dans Reapers : « You kill by remote control and the world is on your side ». Révolte qui se poursuit dans The Handler « I won’t let you control anymore ». Phrasé qui est, par ailleurs, une question-réponse directe à la chanson Showbiz de l’album du même nom où Matt chantait : « Controlling my feelings for too long ».
La suite et la fin, c’est tout le processus du surpassement du système de la part de notre héros, alors programmé. Et quoi de mieux qu’un discours de JFK pour lancer cette marche en avant ? (A l’époque, ce discours était pour pointer du doigt la montée du communisme, notamment).
Defector, aux chœurs très « Queenesque », démontre bien ce passage vers la lumière et l’espoir : « Free, yeah I’m free, from your inciting. You can't brainwash me. You've got a problem ».


Que de pérégrinations pour notre protagoniste puisqu’il en va même à retrouver l’amour dans Aftermath, qui est le parfait opposé de la première chanson de l’album, Dead Inside et qui est très proche au niveau des paroles à Soaked. Ah, l’amour. Si pratique pour imager le regain d’espoir et de bonheur dans ce monde de brute.
The Globalist est, en format dix minutes, le même concept que l’album entier, avec des phases heureuses et d’autres moins. Une sorte de bilan. Cette chanson est la suite de Citizen Erazed (paru sur Origin of Symetry). Enfin, on termine en douceur avec Drones, titre éponyme de l’album, et sa prière de bonne fin.
Voilà, l’histoire est là, soutenue par, sans doute, le plus gros travail de parolier de la part de Bellamy.


Oui, mais…

Alors oui, ça paraît clairement travaillé, très cohérent de composition et chaque musique est parfaitement amenée à sa clôture de chapitre. Oui, mais voilà, ça ne suffit pas à faire un album parfait. Le côté honnête et direct de Muse est complètement perdu et se noie justement dans ce travail acharné à l’album concept ultime. On y perd des plumes, c’est certain ; à vouloir aller trop haut dans l’ultra cohérence (paroles, composition intrinsèque, composition globale de l’album, etc.) on en oublie la spontanéité qui se ressent forcément dans la brique finale.


Ici, bien que sombre et révolté à la fois, cet album est clair et d’une propreté toute incohérente aux fondements même de son message. Mélangé pureté et révolte, c’est tout de même passablement incompatible.
C’est là tout le problème d’un album surproduit. Rajouter des subtilités aux arrangements, par-ci, par-là, ce peut être très intéressant. Mais, dépassé une certaine limite, ça n’en devient rien d’autre que des couches en trop, des couches qui gênent.


En conclusion

On a aimé la recherche d’un album pour sa globalité et la cohérence en son ensemble, mais on est déçu par ce maladroit « trop  plat » qui en résulte en définitive. Il y a tout de même de jolis moments dans cette histoire, mais ce n’est que quelques lignes par chapitre, rapidement rattrapé par l’encre qui y aurait un peu trop coulé.

Raffaele Cuccurullo


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Commentaires
  • Photo de profil : anaFalena
    AnaFalena
    Tu m'as fait peur l'espace d'un instant.. Oui un travail d'écriture qui pour moi ne prend pas. Dead inside: lent et ennuyeux à mourir. A mais c est dans le thème ? Bon OK. Psycho: tu vire Matt et tu prends Manson, avec une nouvelle rythmique moins entrecoupée et ça passe. Mercy: Céline sort de ce corps Dion de dieu! Y a que de la voix la dessus autant virer le reste. Reapers: ? The Handler: ça passe. Defector: ça transpire pas vraiment la joie mine de rien c était donc pas si terrible hein? Revolt: la révolte des teletubbies ah ah sérieusement on dirait maman oie qui dit à ses petits qu'ils peuvent nager. Aftermath: quel ennui. The globalist: ça passe. Bref je suis clairement plus la cible et de très mauvaise foi peut être .. juste dommage. Y a pourtant des albums écrits dans la même optique qui sont exceptionnel donc qu'on ne me dise pas que c'est tout à leur honneur blabla ;) *s'en va bouder ailleurs*
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      Raff de HGuitare
      Je suis d'accord avec toi, là je tournais la critique d'un aspect purement objectif. La production est bonne, lest textes sont "romancés", c'est intéressant.... mais c'est tout. Intéressant... Si tu mets des compos à la Origin of Symetry avec cette maturité de production et d'écriture, ça aurait fait un 10/10. Mais bon, Muse évolue, et je dois dire qu'après The 2nd Law, j'avais très, très peur. Donc finalement, il estpas si horrible cet album même si j'en suis globalement déçu.
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      AnaFalena
      je ressemble a ces vieux assis au bar qui grogne sur le changement "c'était mieux avant" ahah
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      Sket27
      Moi ce que j'ai vraiment du mal à comprendre, c'est tous ces gens qui disent qu'avec cet album Muse est revenu au rock de leurs débuts. J'en ai même entendu dire que ça ressemblait à Origin of Symmetry. Donc je sais pas si c'est moi qui comprends vraiment rien à la musique, mais je trouve que c'est justement à l'opposé de tout ça...
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      Raff de HGuitare
      Certains parlent d'un retour aux sources premièrement parce que Matt and Co l'avaient eux-même dit (donc ils ne vont pas chercher plus loin), ou simplement parce qu'on a le droit à quelques riffs et phrasé plus """heavy""". Mais c'est vrai qu'on est loin, très loin d'un Origin of Symmetry. C'est pas parce qu'un groupe évolue que cela doit forcément dire qu'ils doivent complétement innover... Enfin, je suis aussi dans ton cas de figure Ana : "c'était mieux avant". D'ailleurs, c'est pas annodin qu'après ma critique et m'être donc envoyer une dizaine de fois Drones, que je me suis surpris à réécouter Hullabaloo et autres B-sides.
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      AnaFalena
      Tu es bien courageux de l'avoir autant écouter.. Merci pour ton article c'est toujours très intéressant de te lire. Pour ma part j'ai du l'écouter en 2 fois. Après Mercy j'avais même plus envie de continuer mais c'est personnel, bien trop personnel sûrement. Muse a été ma toute première raison de transgresser les règles à l'époque ( je m'étais relevée de nuit en douce pour voir un live à la télé sur la 2ième chaine suisse ahah et j'ai réussi mon coup :-p ) leur musique a beaucoup représenté ensuite. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'il recherche un nouveau public. Il est aussi tout à fait envisageable qu'ils recherchent l'inspiration et la satisfaction en faisant autre chose tout simplement.
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      Raff de HGuitare
      Merci, ça me fait plaisir que mes articles te plaisent (d'ailleurs si tu as une envie de chronique d'album, fais-en moi part ;). Pour ce qui est de Muse, c'est à peu de chose près pareil pour moi. Pearl Jam ayant eu le même effet. Le problème avec des groupes qui prennent une telle ampleur durant des années, c'est qu'ils ressentent un besoin de se renouveler. Ça reste un métier, et stagner, il n'y a rien de pire... C'est comme s'ils sentaient le besoin de chercher autre chose, d'épanouir leur musique pour s'épanouir eux-même. C'est jamais évident. Muse, par contre, ça reste un groupe à voir en live et là, pour le coup, c'est toujours vraiment cool :)
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      Sket27
      Sur les lives Raff, je te rejoins complètement. Je les ai vus au Stade de France l'an dernier (le jour de la fête de la musique... y'a pire comme programme) pour leur tournée et tu te rends compte que certaines chansons auxquelles tu as du mal à accrocher sur un album peuvent prendre une autre dimension sur scène. J'écoute pas mal Drones depuis le début de la semaine, pour essayer de m'y faire, et il est finalement pas si mal que ça, sans être la merveille espérée. En fait, je crois qu'il faut juste prendre Muse pour ce que c'est maintenant, et non pas pour ce qu'ils faisaient à leurs débuts... ça évite bien des désillusions. C'est dommage, parce que sur certains riffs tout au long de l'album, on se dit que ça aurait pu être une sacrée bonne claque.
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      Raff de HGuitare
      C'est exactement ça, faut se faire à l'idée aussi que Muse n'a plus la folie des 20 ans... Je suis aussi d'accord, il y a de bons riffs, vraiment intéressant, sauf qu'ils sont vite rattraper par une phase propre et "jolie" qui balance trop le titre. C'est dommage. Après, petite anecdote qui m'a bien fait sourire, c'est qu'un de ces riffs (faut que j'écoute sur laquelle c'est), ça fait des années qu'ils le joue en live en interméd de 2 chansons. Donc c'est assez ironique quand même d'en faire un titre. Mais bon, pourquoi pas.
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      Sket27
      SI je dis pas de bêtises, c'est le riff sur Psycho. C'est le premier extrait de l'album qui est sorti, et ça avait fait pas mal parler.
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      Raff de HGuitare
      C'est exactement ça (je viens d'aller vérifier). Cette chanson est l'exact et parfait exemple de ce que je dis dans la chronique. Un riff intéressant, une intro qui donne espoir et puis... Je sais pas, on se croirais dans une chanson de Resistance sur la partie chantée. Et que dire du refrain... Le riff est de retour chouette-mais-non. C'est quoi cette production au niveau de la voix ??? "A fucking psychooo"... C'est bête, mais ça me gâche l'entier de la chanson.
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      AnaFalena
      exactement ça. De bons riffs qui te font dire "oh coool" et bam tu retombes aussi vite. Et sur psycho... ahahah Raff tu m'as tuée ;) J'ai direct entendu le passage dont tu parles sans y retourner. Mais quelle idée ? Seulement ils ont réussi sur un point. Ce fameux "a fucking psychooo" te reste dans la tête direct ça marque l'esprit.
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      Raff de HGuitare
      Alors ça, pour rester dans la tête, ça reste... J'arrête pas de le sortir en bossant là. Zut...
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    Untrack3d
    J'ai été un adorateur du groupe, depuis le premier album, j'ai collectionné les box jusqu'à absolution, je suis allé les voir en concert au Zenith de Toulouse et même au Stade de France à Paris mais je dois avouer que maintenant, ça ne passe plus. Alors oui j'ai changé en 20 ans, eux aussi, et je pense que c'est bien ça qui fait que je n’accroche plus, mais tout de même, ce dernier album est loin des origines du groupe ;-) Je ne trouve plus la magie des titres enregistrés en B side, des Host ou Shrinkin Universe, ni la folie des concerts plus "rock" et moins formatés. Il y a quelques années quand je parlais du groupe, personne ne connaissait dans mon entourage, maintenant tout le monde connais Starlight. Les choses changent c'est naturel :-) Tant qu'ils font ce qu'ils aiment et que cela fonctionne pour eux, sachant qu'ils se sont construits par eux même, c'est l'essentiel. Moi j'ai le choix d'écouter d'autres groupes aussi. Cela dit, The Handler est pas mal quand même!

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