Le mode Mixolydien à la guitare

Dans cet article nous allons nous consacrer uniquement au mode Mixolydien qui est un mode majeur de la gamme majeure et qui est le 5e mode de la gamme. Bien évidemment tous les principes et toutes les techniques d’utilisation des modes vues précédemment s’utilisent également pour ce mode-là.

QU’EST-CE QUE LE MODE MIXOLYDIEN ?

Le mode mixolydien se retrouve dans énormément de situations différentes mais un des exemples les plus parlants reste dans la musique celtique. On le retrouve également dans le blues, dans le funk également, dans le rock et dans certaines musiques acoustiques (air tapping et autres).

Il sonne très « joyeux » mais beaucoup moins scolaire que le ionien, il a une petite pointe de douceur (voire nostalgie) et il sonne bien plus terre à terre que le lydien.

On le retrouve également dans plein de morceaux :

 
Lords of Karma de Joe Satriani alterne Lydien et Mixolydien (morceau qu’on a évoqué dans le précédent article) :

Cet excellent morceau de John Petrucci utilise ce mode :

Ou encore ce morceau de Maurice Ravel, le fameux Boléro :

Le mixolydien est un mode souvent incompris, qui est plein de possibilités. Il est vecteur d’une « joie » plus naturelle que celle du ionien. Ceci peut s’expliquer facilement en décortiquant les notes qui le composent. C’est un mode qui a plus de richesses qu’il n’y paraît et j’avoue être assez laudatif avec ce mode car il fait partie de mes modes préférés.

Bon, vous l’avez compris, ce mode est très intéressant. Il est vraiment efficace et offre facilement de la mélodie même sans trop maîtriser la musique modale.

COMMENT EST CONSTRUIT LE MODE MIXOLYDIEN ?

Encore une fois nous allons voir toutes les fonctions des notes du mode et nous allons détailler leur pouvoir évocateur.

Décomposons donc ce mode note par note :

Alors, pour commencer l’analyse, il nous faut déjà se rappeler que tous les modes majeurs doivent être comparés au mode majeur de référence donc le mode ionien vu dans le précédent article. 

Si nous notons d’abord les points communs entre ces 2 modes. Nous pouvons donc voir qu’ils sont quasiment identiques :

- Une seconde majeure : qui apporte le côté légèrement nostalgique et doux et surtout une consonance fortement agréable.
- Tierce majeure : qui apporte le côté joyeux, ce qui fait donc du Lydien un mode plutôt joyeux, optimiste ou positif
- Quarte juste : qui maintient la structure du mode mais colore peu
- Quinte juste : qui est là pour apporter la « puissance » et éviter la dissonance
- Sixte majeure : elle apporte un côté joyeux également, plus nuancé que celui de la tierce

Maintenant parlons de la différence : la septième mineure. L’oreille humaine préfère la septième mineure à la septième majeure (principe que l’on retrouve dans le blues). C’est pourquoi ce mode est plus « naturel » et moins « scolaire » que le mode ionien (qui lui a une septième majeure). Nous avons déjà parlé du principe de note caractéristique et c’est bien le cas ici. La septième mineure est la note caractéristique du mode mixolydien.
Autrement dit, par rapport au mode de référence (le ionien) c’est cette note-là qui diffère et qui donc marque fortement la sonorité toute particulière du mixolydien.

Pour vous aider prenons un exemple avec le mode de Mi Mixolydien (qui sera nécessaire pour la suite de l’article).

Structure : Mi M / Mi 7
Superstructure : 2,4,6

La structure en triade est la même que pour le mode de référence mais jusque-là rien de bien étonnant. Par contre, comme la septième est la note caractéristique, il est normal que la structure en tétrade change. Pour rappel la structure en tétrade du ionien de Mi est un Mi M7 et pour le mixolydien de Mi est un Mi 7.

On peut néanmoins voir que la superstructure est exactement la même que celle du ionien. Donc on retrouve ces mêmes sonorités : la seconde majeure qui apporte un peu de nostalgie, la quarte juste qui ne colore pas mais permet une consonnance, la sixte majeure qui apporte une touche joyeuse également.

OUI, MAIS A LA GUITARE ?

Comme je vous l’ai dit, ce mode est régulièrement utilisé à la guitare.

Que ce soit par Petrucci ou d’autres il est riche. 
Comme dit précédemment il a la même structure en triade que le lydien ou le ionien, par contre les tétrades sont différentes à cause de la septième qui est mineure pour le mixolydien (note caractéristique).

Au niveau des formes d’accords : comme prévu les triades sont les mêmes, les tétrades par contre changent. La septième descend d’une case. Remarquez néanmoins sur la forme de do, pour faire ressortir la 7e (et pour que ce soit jouable pour un guitariste) il faut placer la 7e sur la corde où il y avait la quinte juste et donc la quinte n’est plus présente dans l’accord. Dans les faits ce n’est vraiment pas gênant d’enlever la quinte dans un accord à quatre sons ou plus quand elle est juste.

Pour rappel : en rouge, vous avez la fondamentale (donc Mi), « p5 » c’est la quinte juste (perfect 5th), le triangle suivi de 3 signifie tierce majeure et b7 signifie 7e mineure.

Maintenant, je vous propose de voir toutes les notes du mode mixolydien de mi, le premier diagramme montre les notes sur la première moitié du manche (du sillet de tête à la 12e case). 

La fonction de chaque note est notée dans le rond. Le rond rouge (avec le F dedans) signifie que c’est la fondamentale soit Mi pour un Mi mixolydien.

Nous allons maintenant appliquer une des techniques que j’avais décrite dans le premier article sur les modes, nous allons faire résonner (et répéter) la corde de Mi grave, nous allons partir une octave au-dessus (donc case 7, corde de La) et jouer avec les notes du mode pour le faire sonner.

Vous connaissez maintenant le fonctionnement, pour rappel cherchez à bien écouter chaque note et voir ce qu’elle peut vous apporter.

Pour ça voici un diagramme des notes que nous allons utiliser :

Voici une vidéo où j’applique l’exercice :

Avec cette technique la couleur du mode ressort beaucoup plus, il est très intéressant dans cet exercice de s’arrêter sur chaque note et d’écouter son apport musical, avoir un avis « critique » mais surtout musical sur chaque note que vous jouez. Pensez à essayer de créer des riffs, des mélodies et autres, ce qui vous permettra d’être plus à l’aise avec le mode.

COMMENT JE SAIS QUELLE GAMME J’UTILISE ?

Pour rappel, pour trouver la gamme il faut trouver la fondamentale du 1er degré car c’est le note qui porte le nom de la gamme.

Donc nous sommes en Mixolydien soit dans le Ve degré.

Dans le cas que nous utilisons dans cet article nous sommes en Mi Mixolydien.

Il nous faut donc remonter les notes de la gamme pour arriver au 1er degré. Rappelez-vous le squelette de la gamme majeure :

1 : C’est pour 1 ton (2 cases)
½ : C’est pour ½ ton (1 case)

Donc si on applique à l’exemple on a :

Ve degré : Mi
IVe degré : Ré
IIIe degré : Do#
IIe degré : Si
Ier degré : La

Donc pour résumer un Mi Mixolydien c’est une gamme de La Majeure jouée sur un Mi qui soit répété ou qui résonne.

N’oubliez pas que le mixolydien est un mode avec un gros potentiel et très facilement exploitable, il vaut vraiment le coup d’y passer du temps.
Bon travail à vous.

Rédacteur et guitariste : Sophian Alkurdi