Frank Zappa

Frank Zappa ne fait rien comme tout le monde. Compositeur fou et de folie, il n’hésite pas à approcher la musique de manière presque scientifique. Ce qui rend ce guitariste d’origine franco-italienne inclassable, déroutant.

Zappa nait le 21 décembre 1940 à Baltimore d’un père sicilien et d’une mère franco italienne. Etudiant standard, il se détache pourtant de ses camarades en devenant avant la fin de sa scolarité auteur, compositeur et conducteur d’arrangements avant-gardiste pour l’orchestre de sa High School ; inspiré par des compositeurs visionnaire comme Edgard Varèse ou Igor Stravinski. C’est d’ailleurs rapidement après ses études que sa carrière musicale professionnelle va démarrer, d’abord en tant que batteur puis en tant que guitariste dans le groupe qu’il renommera lui-même The Mothers of Invention. La première fournée commerciale marque déjà de part son authenticité ; Freak Out est un double album rythme & blues aux pérégrinations sonores toutes zappienne.
Ce qui définit également Zappa, c’est sa complète liberté artistique qu’il prend soin d’affirmer dès le début de sa carrière. Pas de bien-pensance, pas de conformisme, le jeune Frank est bien la pour faire ce que concluent ces recherches sonores tout sauf formatées. Preuve en est son album We’re Only in It for the Money, une création satirique du traditionalisme américain et du phénomène en vogue du flower power. La couverture de l’album étant une copie de l’album des Beatles Sg. Pepper’s Lonely Hearts club Band où il y a substitué les fleurs par des légumes.

Plusieurs albums plus tard (9, pour être exact), Zappa est délibérément balancer dans la fosse des spectateurs lors d’un concert par un (alors) fan du compositeur. Soit disant pour se venger de l’aspect élitiste de sa musique et de sa prestation plus que médiocre, ou encore de l’obstination qu’avait ce soir là Zappa à regarder sa petite amie. Réaction somme toute disproportionnée quand on sait qu’après cet incident, Zappa est obligé de rester un an dans une chaise roulante. Année de handicap qui ne l’empêche cependant aucunement à composer pas moins de trois albums.
Les albums, on ne les compte d’ailleurs même plus tant ils sortent avec régularité et rapidité. L’esprit créateur de Zappa fulmine, passant autant par des compositions jazz, doo-wop (un sous-genre du rythme & blues), classique, rock et plus expérimental souvent accompagnée par son synclavier (premier synthétiseur numérique du marché).

Il devient avec le temps de plus en plus politiquement et sociologiquement critique en s’attaquant sans gêne au parti Républicain américain, à la scientologie ou encore des télévangélistes. Les albums prolifèrent mais malheureusement le travail colossal du génie s’arrête brusquement le 4 décembre 1993, suite à un cancer de la prostate fatal.
Ce n’est donc pas moins de 100 albums riches en variété et en incroyable ingéniosité que nous laisse aujourd’hui Frank Zappa. Nul doute que s’il lui a fallu un demi siècle pour composer tout cela, il nous en faudrait deux vies pour réellement admirer le travail de ce guitariste compositeur hors norme qui a inspiré tant d’artistes et qui continue sans cesse d’en influencer. Un musicien incroyable et humainement tout aussi unique. Merci Frank !

Raffaele Cuccurullo



* C’est lors d’un concert avec l’un de ses groupes  qu’il est victime du fameux incendie du Casino de Montreux qui inspirera la chanson Smoke on the Water de Deep Purple.