ACCUEIL BLOG

par Raff de HGuitare

L'invention de la guitare

 

Que l’on soit guitariste amateur, ou professionnel, d’où que l’on vienne, et où que l’on aille, chacun de nous doit l’invention de son instrument de prédilection à un seul et même homme :

Antonio de Torres, en 1874.

 

Dans cet article, nous n’allons pas parler des formes ancestrales de ce qui s’apparenterait alors à la guitare, mais plutôt nous concentrer sa forme la plus proche de ce que nous connaissons aujourd’hui, emmené justement, par ce génie espagnol !

 

 

 

 

Il est reconnu comme étant le père de la guitare, dans la mesure où même si les instruments à cordes pincées existaient depuis déjà fort, fort longtemps, ce luthier est celui qui créa la guitare sous sa forme actuelle.

 

Les instruments à cordes pincées auraient été apportés par les Maures en Espagne, lors d’invasions diverses et fort sanglantes. Ces instruments gagneront progressivement l’Italie, la France, pour se propager dans toute l’Europe.

 

Mais ceci est une autre histoire, dont la véracité n’est toutefois pas totalement avérée, tant il s’avère difficile de dater ces instruments d’époque, pour savoir qui a le plus ancien … De plus, on en trouve pour ainsi dire, plus aucun, aujourd’hui, même sur Le Bon Coin !

 

Intéressons-nous donc un peu plus sérieusement à la vie trépidante de l’inventeur de la six-cordes.

 

 

 

 

BIOGRAPHIE DE L’INVENTEUR DE LA GUITARE CLASSIQUE

 

Antonio de Torres naît le 13 juin 1817, en Espagne, pour mourir le 19 novembre 1892.

Il était guitariste, mais aussi luthier.

 

A ses 12 ans, il part en formation, dans la charpente.

Afin d’éviter l’obligation d’enrôlement dans l’armée espagnole, on le force à se marier en 1835, à Juana Maria Lopez, alors âgée de 13 ans… une autre époque !

Après avoir donné naissance à trois filles, cette dernière succombera à la tuberculose, en 1845.

C’est gai, quand même, la vie au XIXème siècle, n’est-ce pas ?

 

Antonio de Torres ne deviendra officiellement luthier qu’en 1850, alors qu’il aura déjà travaillé sur la fabrication d’instruments de musique, depuis quelques années déjà.

 

Il est encouragé dans sa vocation par quelques musiciens de l’époque, tant la qualité de son travail semble excellente.

 

Torres va dès lors entreprendre un véritable travail de chercheur, comme dans nos bureaux d’études actuels, pour améliorer autant que possible les capacités sonores de ses premiers instruments.

Il focalisera une grosse partie de ce travail sur le développement de la table d’harmonie, comprenant que c’était là le secret du son de l’instrument.

 

Il va donc créer des guitares au corps large, avec une table fine, galbée, et équipée d’un barrage en éventail symétrique.

Son travail rencontre une belle popularité, au sein des guitaristes espagnols de cette époque.

 

 

 

 

 

 

JUSQU’AU JOUR OÙ !

 

Tout fonctionne pour le mieux, pour notre luthier espagnol, jusqu’à ce que PATATRA !

L’amour frappa à nouveau à sa porte …

Il se remarie, en 1868 à Josefa Martin Rosada.

 

Pourquoi donc Patatra ?

Figurez-vous qu’en 1870, notre inventeur génial décide de fermer son atelier de lutherie, de repartir avec sa femme, dans son village natal, et d’y ouvrir un magasin … de porcelaine !

 

WTF, me direz-vous ?

Si, si, je vous répondrai, un magasin de porcelaine … La loose !

 

Il faudra patienter cinq longues années, avant qu’Antonio de Torres ne se remette à la fabrication de guitares, en amateur, cette fois.

Il s’y’ replongera d’ailleurs plus avidement après le décès de sa seconde épouse, et ce, jusqu’à sa mort, en 1892.

 

Il produira une moyenne d’environ une douzaine de guitares par an, ce qui est relativement élevé pour l’époque et les moyens alors à disposition.

 

 

 

A SAVOIR

S’il vous arrive, un jour, de devenir l’heureux possesseur d’une des guitares d’Antonio de Torres, sachez que l’on distingue, aujourd’hui encore, sa production en deux phases distinctes : la première et la seconde époque.

 

Vous l’aurez compris de suite, la première époque englobe les guitares fabriquées à l’atelier de lutherie, à Séville, entre 1852, et 1870.

La seconde partie, elle, est donc après l’entracte mariage, à partir de 1871, à Almeria, et ce jusqu’en 1892-93.

 

 

A noter :

 

La qualité de fabrication des guitares de Torres était de très loin supérieure à celle de ses confrères, ce qui lui conféra rapidement une réputation des plus solide et incontestable, ce qui lui permît de se faire connaître sans dépenser un budget monstre en publicités, réclames, et autres mises en avant …

 

Son nom, et sa réputation franchirent rapidement les simples frontières espagnoles, pour conquérir le monde !

 

 

 

 

 

En bref :

 

Les guitares d’Antonio de Torres ont un son clair rond, équilibré, brillant, et une très belle projection dans l’espace, grâce au travail fourni sur la caisse et la table d’harmonie.

 

Malheureusement, en raison du fait que seules les guitares de la seconde période sont numérotées, celles de la première n’étant même pas signées, on trouvera, sur le marché, énormément de copies, de plus ou moins bonne facture, certains ayant même été produites par d’autres luthiers de renom de cette époque.

 

 

 

 

EN CONCLUSION

Si l’on devait aujourd’hui comparer l’un des modèles de guitare d’Antonio de Torres, à une guitare classique moderne, on ne relèverait que les différences suivantes :

 

 

 

 

 

 

Il existe aujourd’hui encore quelques modèles de guitare de ce luthier exceptionnel, mais, à la connaissance de votre serviteur (c’est moi, ça), aucune n’est plus aujourd’hui en activité.

Cependant, certaines sont exposées, dans des musées, comme le Museu de la Mùsica de Barcelone, par exemple.

 

 

 

Conseil :

 

Si un jour, cher ami guitariste, tu promènes tes guêtres et des plectres dans une brocante, ou un vide-grenier, ou encore dans la cave de Tatie Suzanne, aie un œil toujours attentif et bienveillant sur l’éventuelle vielle gratte classique qui pourrait traîner lamentablement sur un coin de table.

Il se pourrait bien que tu tombes là-dessus :

 

 

 

Si tel est le cas, ne panique pas, respire lentement, garde ton calme, et fais une offre que l’on en pourra te refuser, genre 30 € (ndlr : humour douteux de l’auteur).

 

Plus sérieusement, l’on n’a pas forcément conscience, aujourd’hui, lorsque l’on branche sa guitare électrique, ou qu’on empoigne sa classique, ou sa folk, de tout le travail et l’inventivité qui ont pu être déployés, en des temps ancestraux, pour en arriver là.

 

C’est pourquoi toute l’équipe de Hguitare vous propose, tous ensemble, d’avoir une pensée tendre, respectueuses, et pleine de gratitude pour Monsieur Antonio de Torres !

 

 

Nous verrons dans un prochain article ce qui a poussé les luthiers de l’époque à rapprocher la guitare avec l’électricité pour nous fournir nos guitares électriques proches de celles que nous connaissons aujourd’hui.

 

 

 

 

Rédacteur : Strato Niko