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par Raff de HGuitare

Django Reinhardt

Jean Baptiste Reinhardt naît en Belgique, dans la ville de Liberchie, en 1910. Enfant tsigane, il voyage beaucoup et c’est durant ces trajets qu’il apprend le violon. Déjà, sa virtuosité ne laisse pas indifférente. Puis, il commence à jouer sur un instrument hybride, mêlant guitare et banjo. Ne sachant ni écrire ni lire la musique (il est, en effet, quasiment illettré), Django joue spontanément et est absolument autodidacte. Sa musique ne se comprend pas, elle est donnée avec passion, instinctivement.
Ces inspirations, il les puise chez des artistes de renommées comme Duke Ellington, Joe Venuti ou encore Louis Armstrong. Sa progression fulgurante et ses représentations lors de bals s’arrêtent net lorsqu’en 1928, sa caravane prend feu. Sa main gauche et sa jambe droite sont sévèrement touchées. Pour autant, Django n’en démord pas et met en place un jeu s’adaptant à son infirmité ; la touche Reinhardt pouvait définitivement naître. Il ne lui suffit que de ses trois doigts mobiles restant pour balayer le manche avec éloquence et de ses deux doigts restant d’admirer l’artiste.

C’est durant ces deux années tout de même pénible, qu’il rencontre Stephane Grappelli et, au milieu des années ’30, il constitue avec ce dernier, Louis Viola, Roger Chaput ainsi que Joseph Reinhardt, son frère, le Quintet of the Hot Club of France. Ce quintet est reconnu comme étant le premier groupe majeur et populaire de jazz en France. La touche américaine plus l’héritage musical tsigane de Django et son approche jazz, swing confère au quintet un son tout particulier alors appelé le « gypsy swing » ou « le jazz hot ». Les concerts dans toute l’Europe s’enchainent et c’est malheureusement l’avènement de la Seconde Guerre Mondiale qui fait éclater le quintet.

Django est le seul du groupe à rester en France, malgré la haine violente que le peuple nazi ressent à l’égard des gens du voyage et de la culture tsigane. Pourtant, et presque miraculeusement, le guitariste virtuose reçoit l’autorisation de se produire « librement » dans les clubs de la capitale où les soldats allemands y voient une ville de spectacle pour se divertir. Par deux fois, Reinhardt tente de rejoindre la Suisse, mais par deux fois, ses tentatives avortent.

Après la guerre, il s’intéresse de plus en plus à d’autres styles de jazz et à la guitare électrique. C’est à ce moment, en 1946 plus exactement, que son rêve devient réalité : il part aux Etats-Unis jouer avec Duke Ellington, son modèle de toujours. Malheureusement, la touche Reinhardt ne passe pas chez le public et la critique d’outre-Atlantique ; ceux-ci ne lui pardonnant pas sa nonchalance, son manque d’implication et ses retards répétés. Il revient donc en France et joue à nouveau avec le Quintet of the Hot Club of France, mais sous une autre formation. Cependant, la motivation de Django n’y est plus, le coup dur reçu cette année lors de la tournée américaine ne passe pas. Le plus grand guitariste de jazz du moment oublie sa guitare au placard et dépoussière les bars en jouant au billard. Il profite également de cette période pour peindre et pêcher.

En 1953, un certain Pierre Michelot, contrebassiste, le convainc à enregistrer un album que tout le monde voit sonner comme le dernier du génie. La preuve en est musicalement donnée avec le titre Nuage d’où une mélancolie et une langueur très pesante, bien qu’éblouissante, sonne le glas des années Reinhardt. Un mois plus tard, c’est une tragique congestion cérébrale qui met irrémédiablement fin à la musique de Django, alors âgé de 43 ans seulement.

Django Reinhardt était l’un des tous premiers guitaristes solos en jazz et est l’inventeur avec Grappelli du jazz manouche (absence de percussions, de bois et de cuivres). Son mélange de swing, de musique traditionnelle tsigane et sa technique non-conventionnelle ont fait de Django une personne unique et un symbole de la musique jazz du dernier siècle.

 

Raffaele Cuccurullo