Lou Reed, un an déjà.

Cette voix à la frontière entre le parlé et le chanté, ce charisme désinteressé, ces paroles somptueusement et résolument sombres, celui qu'Andy Wahrol appelait "prince de la nuit et de l'angoisse", celui-là même, leader d'un groupe qui mérite sa pierre (et quelle pierre) au panthéon de la musique, lui qui nous a quitté l'année passée; je veux bien évidemment parler de Lou Reed.

Je profite de cet hommage pour revenir sur les temps fort de cet homme aux multi facettes mais à la personnalité bien singulière.

Enfance tourmentée, il est traumatisé à vie par un événement qui cristalisera ses textes crus et directes. Cet événement, c'est à l'âge de 17 ans qu'il le subit lorsque son père lui fait suivre une thérapie par électrochocs afin de le "guérir" de ses penchants homosexuels. Le jeune Lou Reed, new-yorkais alors révolté se détache de tout sauf de l'art. Photographie, écriture mais surtout musique. Pianisite et guitariste, c'est avant tout par ses paroles sans tabou qu'il va se révéler à la scène avant-gardiste de New York. Après avoir formé quelques groupes, The Velvet Underground formera le temple de son expression. C'est à ce moment qu'Andy Warhol prend le groupe sous son bras et les introduit aux soirées marginales de The Factory: le lieu de créativité et d'exrpession sans équivoque new-yorkais. Les albums suivant, qui voient l'intégration de Nico, mannequin allemande, ne rencontre pas un grand succès à leurs sorties mais sont considérés aujourd'hui comme deux des albums les plus influants de l'histoire de la musique rock.

Après le retrait de Lou Reed du groupe, il décide de commencer une carrière solo. Alternant le bon et le moins bon, ces fans peinent à trouver l'identité musicale de Reed. Oui mais voilà, d'identité, Lou Reed n'en possède pas qu'une; il crée, il invente. C'est un visionnaire impressionnant qui produit des albums concept dans des styles jamais entendu, trente années avant que cela ne se popularise. Alors certes, il déroute, certes, il trouble, mais c'est peut-être là le but de Lou Reed.

De ces années solo, l'album produit par David Bowie "Transformer" marque le début du succès de l'artiste sous son nom. Et c'est à l'écoute d'albums absolument mythiques tels que "The Blue Mask", "Berlin" (un opera rock sur un couple sombrant dans la déchéance et abordant des thèmes propres aux paroles de Lou Reed: drogue, prostitution, dépression, suicide, violence...), "Songs for Drella" (un album hommage à Andy Warhol composé avec John Cale, membre fondateur de The Velvet), "New York" ou encore "Street Hassle" que l'on voit tout le génie de cet artiste à qui l'on doit bien plus de musique actuelle que l'on ne croit.

Alors pour toute votre carrière, Monsieur Reed, un simple mais grand merci. Vous manquez déjà à la musique, mais votre posterité est toute tracée avec ce que vous nous avez laissé.

Raffaele Cuccurullo